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Vendredi 30/08/2002
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Nous arrivons au Fayet à 8h38. Après cette nuit passée dans le train, chacun éprouve encore une sorte de mal de mer dû au tangage du wagon. Est-on bien arrivé à la montagne ?
Nous prenons notre petit déjeuner à La Pause, face à la gare. Très détendus, nous visons le tramway du Mont-Blanc de 10h15, le temps de nous trouver un hôtel pour le dernier soir. Cela ne tarde pas : ce sera l'entre deux gares.
Malheureusement, cela aurait dû encore moins tarder ! Grosse affluence pour l'achat des tickets et tout d'un coup, la mémère dans son aquarium affiche : Tramway de 10h15 complet. C'est la consternation !!
Fausse alerte, madame était farceuse. Il reste une grosse dizaine de places. Le temps d'en acquérir cinq et, trop contents de notre chance, nous embarquons (malgré une certaine résistance de François, ne voulant pas payer...)
Phrase du jour dans le tramway : Gildas, à Céline : est-ce que l'on va voir des animaux sauvages ? Qu'il ne s'inquiète pas, il aura son lot... Bref, nous arrivons à Bellevue à 11h05. Le grand départ ? Non, les trolls préfèrent vidanger avant de partir. 11h10, c'est parti.
Ça démarre bien : on gratte deux britishs... Damned, ils nous regrattent ! De plus, des vaches noires féroces avec les dents qui transpirent veulent nous bloquer le passage pour nous empêcher de les rattrapper ! David use de sa légendaire diplomatie pour leur faire bouger leur gros cul. Ouf ! Et ça continue comme cela, tranquille, le long du flanc de la montagne jusqu'à une passerelle à la Indiana Jones qui va nous permettre de faire fi du torrent les pieds secs. Photo ! Et David et Céline de traverser sans regarder au-dessous d'eux... Ayé, de l'autre côté, on est !
Attaque du col de Tricot et premières faiblesses de Céline, trahie (peuchère) par son souffle un peu court... Après deux heures de montée, nous voici enfin en haut pour le grignotage (13h) :
Gildas est heureux. Les animaux sauvages s'approchent de lui. Après le beau papillon, c'est au tour de mère mouton et de son petit. Et là, patatras ! Alors que Gildas regarde les animaux se pavaner devant lui, la brebis plonge dans le sac plastique et grignotte la moitié de sa pomme. C'est la consternation ! Heureusement qu'un touriste vient à notre aide. Malheureusement, les moutons préfèrent les pommes aux bananes. Bilan de l'opération :
Départ vers les châlets de Miage, descente impressionnante d'une heure, en faisant attention aux chevilles et superbe vue sur le glacier de Miage.
François sort son bâton pour l'assister dans sa progression de débutant au genou défaillant... Pour nous remercier, on a droit au chocolat noisette (-100g pour François, donc).
La fin de la descente est facile comparée au début. Nous traversons les châlets de Miage et nous nous préparons à l'ultime montée de la journée vers l'auberge du Truc.
Après un début de montée effectuée d'un bon pas, Céline ralentit vite fait. Après trente minutes assez raides, nous arrivons au col, situé à cinq minutes de marche du refuge. Pour pimenter l'affaire, nous faisons un petit détour à travers une propriété privée où, heureusement, il n'y a personne. On apprendra par la suite que l'on risquait les plombs !
Arrivée à 16h. François s'aperçoit alors qu'il a fait mieux que perdre cent grammes de chocolat aux noisettes. Son tube de lait concentré sucré, que lui seul aurait d'ailleurs pû ingérer, est percé à deux endroits. Nettoyage obligatoire des barres de céréales et -500g.
Après un débarbouillage en règle à l'eau froide, un bon dîner nous attend :
Nous enchaînons sur une partie de tarots et d'enculette. À 20h45, nous décidons d'aller nous pieuter. Gildas proteste : c'est trop tôt, je ne m'endormirai jamais avant 23h, mais bon, je vous accompagne...
Direction le dortoir. Un groupe nombreux, que nous appellerons par la suite les pros compte tenu des prestations pendant le repas de la grande gueule qui leur sert de guide, entre dans le dortoir et laisse la porte ouverte. Arno descend la fermer et râle. Ils ne comprennent pas trop. Ils rigoleront moins dans quelques jours...
Nous nous couchons enfin. Et paf, cinq minutes après, et malgré les boules quiès, un ronflement se fait entendre. Bravo Gildas ! Merci de nous avoir accompagné, c'était bien sympa !
Demain, c'est plus sérieux : ascension du col de la Croix du Bonhomme.
Samedi 31/08/2002
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Réveillés à sept heures et quelques, nous prenons un petit déjeuner bien sympa. Rien de spécial à signaler sauf peut-être que Céline n'appréciera que modérément le lait de la ferme : trop fade, certainement !
Nous partons à 8h15, soit quinze minutes en retard. Ce n'est pas grave, parce qu'on est les meilleurs... enfin jusque-là.
Ça descend, ça descend et, du coup, on descend aussi, les sacs-à-dos nous rappelant à chaque pas qu'ils préfêrent descendre que monter, la nature aidant.
Après un passage éclair au châlets de la Frasse, nous arrivons aux Contamines, point final de la descente. C'est là que les pros se chient devant un magasin de location de surf. Ils ont tout compris ! On leur passe devant sans mot dire, mais tout de même bien contents. Ils n'avaient qu'à mieux dormir.
Céline profite d'avoir Bison pour elle toute seule pour attaquer dard-dard : tiens, François, veux-tu tirer un coup-là, vite fait ?! Une phrase qui laisse notre Bison national un brin déconcerté...
On crapahute jusqu'à Notre-Dame de la Gorge en espérant bien moucher les pros jusqu'à l'os. Nous y effectuons une pause avant d'entamer l'ascension du col. Visite de la chapelle, abricots secs, soins du corps. David en profite pour montrer son cul à Céline et lui demandant un massage... Gildas demande à François, piteux : euh, François, tu vas peut-être te foutre de ma gueule mais, tu pourrais me prêter ton coupe-ongle ? Et François de jubiler tant il avait subit les brimades de Gildas quelques jours auparavant au sujet dudit coupe-ongle...
Damned ! Les pros arrivent ! David nous prévient par un laconique on va peut-être pas traîner... Et de repartir d'un pas guilleret pour se bouffer une côte monumentale dans laquelle il vaudra mieux regarder ses pompes que le haut, qui de toutes façons, est invisible pour l'instant.
Les pierres avancent et reculent inlassablement à chaque pas. La sueur perle. C'est l'effort de la journée. Notre objectif est de marcher une heure et demie afin d'atteindre la Balme.
Aprês une grosse demi heure de montée éreintante, nous arrivons au Nant-Borrant. Céline a plus la patate qu'hier et a retrouvé son souffle de jeune-fille.
Vers 11h45, on atteint la Balme où c'est l'heure de la pause : petit encas et ravitaillement en eau. On est en avance sur notre objectif. Céline décide qu'on peut continuer un peu avant de se poser pour manger.
Le début de l'ascension du col de la Croix du Bonhomme nous semble fort ardu. Le groupe est scindé en deux : David, Arno et Gildas devant, Céline et François derrière. Il se recompose le temps d'un pique-nique frugal (salade, pâté, pomme). La digestion est difficile et les problèmes intestinaux commencent pour Arno... et pour ses comparses qui en profitent malgré eux.
Le redémarrage à froid s'effectue au pied d'une montée que l'on qualifiera, sans macchisme aucun, d'une montée plutôt virile. Chaque pore en profite pour pisser tout ce qu'il peut et les muscles des jambes apprécient la pierraille autant que les chevilles.
Après cette interminable montée, nous arrivons enfin au col de la Croix du Bonhomme où le vent nous réserve un accueil plutôt frais. Une petite photo prise par un quidam et hop, on repart pour le refuge. L'heure restante nous paraît assez longue, d'autant que nous croyions être arrivés. Après un dernier détour, le refuge apparaît et semble nous attendre les bras ouverts. Céline se rend alors compte qu'elle a perdu un slip au dernier refuge. Pourquoi s'en aperçoit-elle à ce moment ? L'histoire ne le dit pas.
Divine surprise en arrivant au refuge du CAF : nous sommes placés dans une chambre de six, sans supplément ! Menu du dîner :
Youpi, bientôt l'Italie !
Dimanche 01/09/2002
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Pourra-t-on passer par le col des Fours ? Dans le cas contraire, ça risque d'être long : trois heures à rajouter ! Céline a du mal à émerger mais on la pousse un peu. Nous descendons déjeuner : du bon pain fait maison avec confiture et boissons diverses.
On est en retard. Arnaud fait la gueule car il a perdu sa casquette. Nous quittons le refuge à 8h30 avec le feu vert du fils du cuistot qui nous affirme que le col des Fours est praticable. Ça attaque dur dès le début. On est froid. Il fait froid... L'ascension dure 35 minutes. Arrivés en haut, oh, surprise... de la neige. François n'en revient toujours pas. On contourne l'obstacle par la droite : 40 secondes d'ascension...
Nous nous apprêtons à redescendre vers la ville des Glaciers. En passant par les Tuffes, Gildas, qui a le cigare au bout des lèvres depuis le sommet n'en peut plus et se rue sur les toilettes publiques... Ouf, à temps !!!
On ne s'éternise pas et on attaque la montée vers le châlet/refuge des Mottets. Arno en a plein le dos de sa daube de gourde qui se balade sur l'arrière de son sac en faisant le même bordel que les cloches des vaches. Il s'arrête en bas de la montée pour faire un peu de rangement : je vous rattrape, allez-y. Une parole bien malheureuse qui vaudra à son auteur une remontée à vitesse soutenue pour rejoindre le groupe. Oui, mais quelle prestation !
Le châlet est du coup rapidement atteint. Nous voici au pied du mur, enfin, du col de la Seigne. La motivation est à son comble : les pros sont justes devant nous. On va les enrhumer !
Après une montée en pente raide décomposée en une multitude de lacets, nous arrivons au premier sommet qui, forcément, en cache un second. Arnaud, Gildas et David consentent à s'arrêter puisqu'on vient de doubler les pros.
Après un pique-nique gobé en une demi-heure, on repart. La reprise est difficile. Seul Gildas court devant et pense à tout moment que le sommet est proche. Par conséquent, il continue... À trente mètres du sommet, il s'arrête enfin pour voir si on est toujours là !!!
Le col atteint, la descente commence. Le paysage est splendide, ou plutôt magnifique, selon les dires de Céline. Quel beau pays l'Italie...
À l'horizon se découpent de multiples sommets prennant des teintes vertes puis bleues à mesure qu'ils se fondent dans la brume lointaine. Le soleil innonde de lumière quelques portions de végétation rase que les nuages épargnent. Une vieille cahutte trône au milieu et en profite pour faire sécher ses vieilles pierres sous les rayons couchés du soir. Nous faisons une longue pause pour jouir de ce moment unique.
Il est à présent temps de reprendre notre marche vers Elisabeta, d'autant que les pros sont de nouveau dans notre ligne de mire. Nous les rattrapons facilement, tout du moins, ceux qui ont été abandonnés par le groupe de tête tant ils ont l'air mal en point. Gildas, David et Arnaud hésitent à les abattre tant ils ont l'air de souffrir. Une faible lueur brille encore dans leurs yeux. Une nouvelle chance leur est donnée !
Comme chaque jour, le temps se couvre alors que nous arrivons. Cette fois, cependant, les premières gouttes, certes très éparses, viennent rafraîchir les marcheurs.
L'Italien étant de nature joueuse (à moins qu'il ne soit bête ?) a placé son refuge sur une butte d'une vingtaine de mètres de hauteur. Quand y en a plus, y en a encore ! Nous arrivons tout de même, et secs qui plus est.
De nouveau, la surprise du chef est au rendez-vous : il reste une chambre de cinq pour un supplément modique de 2,50 EUR (Dieu existe-t-il ? On en viendrait à se poser la question !). Nous hésitons de longues heures car nous sommes près de nos sous... Non, c'est pas vrai, nous prenons la chambre dans la seconde.
Après une bonne douche chaude, nous prenons thés et cappuccinos (cappuccini ?) et entamons une partie de tarots. Gildas est en forme, François, pas trop. Avant de prendre une déculottée, il préfère aller se reposer dans la chambre.
Nous retrouvons, pour notre plus grand plaisir, sherpa pro qui est venu en 4x4 boire une bière, tranquille, avec ses ouailles. Nous profitons de ce que le repas n'est pas de suite pour écrire notre carnet de voyage. Ouf, nous serons du premier service, à 19h (et du dernier, il n'y en a qu'un...)
À notre table, ce soir, nous retrouvons les deux Canadiens qui partageaient précisément notre même table hier soir ! Ils font eux-aussi le TMB, chapeau bas : 65 ans pour lui, dix à quinze ans de moins pour elle.
Ils avancent moins vite que nous mais ils arrivent quand même en même temps que nous. Leur secret ? ils ne mangent pas, ils ne boivent pas ou très peu et ils ne s'arrêtent pas beaucoup.
Après quelques discussions, on parle de l'état du pouce du gros orteil de François. François (le Canadien, il faut suivre) a eu le même problème lors d'un précédent TMB. Il réconforte le notre (François) : il n y a rien à faire. Il suffit d'attendre qu'il tombe puis un an le temps qu'un autre repousse et tout redevient normal !
Céline : C'est pas grave si le pigeon perd deux pattes car il lui en reste une à l'avant et une à l'arrière et il peut continuer !!!
Demain, passage par Courmayeur, pour vérifier...
Lundi 02/09/2002
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Nous nous levons plus tôt qu'auparavant car nous avons remarqué chez nous une certaine tendance à se réveiller de plus en plus tard. De plus, la journée qui nous attend devrait être relativement longue car nous devons faire des courses à Courmayeur.
Démarrage après le petit-déj dans la purée de petits pois, sacs-à-dos et Trolls sous capes. Ceux qui en possèdent sortent les guettres. Quelle idée de mettre un refuge aussi haut. Hier, nous avons dû grimper. Aujourd'hui, il faut descendre...
Nous partons sur la route en longue ligne droite qui part du refuge. Nous la suivons jusqu'à la retenue d'eau du lac Combale (un lac ?) et là, avant même la première montée, nous enrhumons les pros une fois encore (ils étaient en pause).
Et on monte, et on monte. Flûte ! Les pros regagnent du terrain. Ouf ! Ils s'arrêtent. On double alors un autre groupe (celui du lac Jovet). Notre avancée s'effectue maintenant dans la boue et toujours dans les nuages. La visibilité est limitée. Le Mont-Blanc, toujours aussi pudique, cache sa frimousse derrière un voile de nuages, l'enfoiré !
Il est d'ailleurs important de signaler que la boue est un mélange de terre et de bouse de vache, ce qui lui confère une couleur appétissante. Et sploutch et plotch et une nuée d'Anglais arrivent à notre encontre. Ils ont bien du mal et nous laissent tous gentillement passer, sauf David, qui doit faire l'effort pour recoller au groupe qu'il distingue à peine, purée de pois oblige.
Lac de Chécroui, existes-tu ? pas de réponse tellement la purée est dense. Nous progressons tout de même et, quand le brouillard daigne enfin se lever, nous distinguons un panorama pour la première fois de la journée. Nous pensons être arrivés au plan de Chécroui. Pas du tout, il est encore loin...
Nous atteignons le col du même nom. Descente rapide vers le plan et là, divine surprise : le pro, rebaptisé Crocodile Dundee, attend ses ouailles, un peu soucieux. Il nous demande, l'air un peu couillon, si l'on fait le tour du Mont-Blanc. Il est tellement égocentrique qu'il n'a pas remarqué notre présence dans les trois refuges précédents ! Arno passe et répond à peine. Dave et François pactisent avec l'ennemi avant de nous rejoindre, hilares. Gildas, quant à lui, le cartonne avec son bazooka anti ours-pinguinidés imaginaire.
Nous entamons notre ultime descente avant Courmayeur. Est-ce sur une route ou une piste de ski ? En tout cas, nos genoux morflent un max. Tout le monde sature. Nul doute qu'elle laissera des traces dans la suite des événements. Céline se foule la cheville... À froid, c'est très douloureux, mais réchauffée au refuge, ça ira mieux.
L'arrivée à Dolonne est réconfortante. Nous déboulons dans de superbes ruelles étroites bordées par des maisons traditionnelles aux murs de pierres.
Courmayeur, enfin ! The question is : les petits suisses acceptent-ils les euros ? Arno va au bar brasserie du coin pour acheter une carte de téléphone afin d'appeler la compagnie d'autocars. Le gus prend très mal la question vous parlez Français et l'envoie balader. Finalement, la carte est achetée au bar d'en face, sans poser la maudite question et en parlant directement dans notre langue maternelle : ils parlent tous Français (bien évidemment dira Céline).
C'est la consternation ! Nous sommes arrivée trop tard. À 13h, que ce soit en Italie ou en Suisse, personne ne bosse. C'est foutu pour les courses. Les magasins ne rouvriront que vers 15h30, c'est-à-dire, bien trop tard pour nous, pauvres marcheurs ignorants. Idée de génie, nous appelons le gîte suisse dans lequel nous avons prévu de dormir : la bonne femme est persuadée qu'ils prennent les euros et nous aussi par la même occasion.
Pour fêter cela, nous nous mettons en quête d'un café chicos dans Courmayeur car on le vaut bien : une demie heure après, on le trouve et on a droit à un panini (panino ?) pour 3,80 EUR (enfin, il était vraiment bon).
Nous repartons un peu cassés pour une dernière côte éprouvante et, deux heures plus tard, Giorgio est en vue.
Notre chambre, quoique petite, est plutôt luxueuse. Elle présente cependant un défaut certain, celui d'être dans une batisse séparée, dix mètres au dessus du refuge proprement dit.
Douche, uno et go to manger :
Arnaud n'a pas aimé : il n'y avait pas assez selon lui. D'ailleurs, depuis le midi, détail hautement scatologique, c'est le big-bang dans sa boîte à caca : il pète, ça pue, les gens fuient et les mouches tombent. Après son passage aux sanitaires, la pièce est déclarée no man's land pour dix bonnes minutes. Il mitraille, c'est mémorable !
Pendant que nous dînons et nous régalons des fayots froids à l'oignon, nous nous apercevons que nos voisins d'à côté sont Français. C'est très facile à remarquer. Cette magnifique phrase prononcée par une des deux femmes exclut tout doute : je m'en tape les ovaires ! Ils sont splendides : nous leur affublons le sobriquet d'amateurs, car pour eux, les décisions se prennent en amont, comme nous aurons tout loisir de l'apprécier demain matin, au milieu de la pluie de cornichons.
Conseil ménage pour Gildas : est-ce que je peux repasser ma polaire ? Car, quand je vais la sortir du sac, elle va être toute froissée !!
Mardi 03/09/2002
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Surprise au réveil : pas de lumière ! Personne ne nous avait prévenu. Elle arrive enfin à 7h. Il y en a qui ne se lèvent pas très tôt ! Il pleut plutôt beaucoup, le brouillard est encore présent, bref, le temps est à l'amitié ! On prend la flotte jusqu'au refuge pour aller petit-déjeuner.
Déjà, la journée s'annonce merdeuse pour Nono : il a droit à un pichet de lait chaud à la place de son café ! Céline fait parler sa connaissance de la langue italienne pour réparer le préjudice et voilà qu'on amène au père Nono un espresso ! Révolté par tant de connerie et d'incompétence, Sherpa Grognon intervient. Il va fesser le cul de la serveuse en cuisine et revient avec du café pour le mal-aimé.
Ce signe du destin n'a pas été interprété comme se devait et Chouchou va, la fleur au fusil, vers une folle journée de souffrance...
Compte tenu de la pluie, nous hésitons quant au chemin à prendre et décidons d'attendre un peu que la pluie se calme. Après qu'elle a diminué d'intensité, nous choisissons de suivre l'itinéraire initial vers la Testa Bernada.
Nous nous habillons pour la pluie : pantalon k-way, cape sur les sacs-à-dos, veste gore-tex... et l'ascension commence avec une bonne grimpette vers la table d'orientation. Arnaud traîne en queue de peloton. La journée va être dure pour lui.
La transpiration se fait sentir sous les k-ways. La température diminue à mesure que l'on monte et le chemin gadouilleux requiert de l'attention.
Tiens, on descend quelques mètres : ce doit être la Testa Bernada qui vient d'être franchie ! Vue l'épaisse couche de nuages qui nous entoure, on ne pourra malheureusement pas vérifier.
À mesure que l'on continue à monter vers la Tête de la Tronche, la froidure grandit et l'eau continue de tomber. Comme il n'y a pas de lacets, on prend toute la flotte du même côté et l'impermeabilité des vestes, mise à dure épreuve, commence à montrer ses limites... même pour Arno qui, s'il dispose d'une cape en surcouche, est tout de même trempé par sa transpiration !
Quelques mètres de plus vers le sommet et voilà qu'il nous tombe de la neige fondue à la place de l'eau. On apprendra plus tard de source amatrice qu'il y avait de la neige à 2700m. La tête de la Tronche est passée. On ne s'éternise pas pour ne rien voir du paysage...
Durant la descente, nous retrouvons avec plaisir une simple pluie bien fraiche. Qu'on monte ou qu'on descende, Arno est à la ramasse, peuchère !
Nous voici au col du Sapin. Petite descente avant d'attaquer le Pas entre Deux Sauts. Arrivés en haut, le paysage se découvre un peu ; on en profite... en attendant Arno.
Dans la descente vers Malatra, il cesse non seulement de pleuvoir mais, en plus, le soleil fait son apparition. Nous profitons de l'aubaine pour pique-niquer et tout le monde se met à poil pour faire sécher ses fringues mouillées. Gildas joue les paparazzi : il flashe des marmottes (à poil, qui plus est...) à dix mètres !
Nous repartons pour trouver, quelques mètres plus bas, le refuge Walter Bonatti. C'est l'instant que choisit le Mont-Blanc pour nous dévoiler, enfin, son sommet. C'est le grand moment de la journée : cappuccino à Walter Bonatti avec vue sur le Mont-Blanc. Une pause dans le calvaire d'Arnaud.
Nous quittons le refuge et descendons vers le Val Ferret italien. Arno va mieux... quelques minutes seulement car l'effet cappuch' se dissipe.
Nous voici rendus en bas, dernière ligne droite vers le refuge Elena. Pas si droite, en fait, car, arrivés auprès d'Arnuva, Céline, François et Gildas découvrent un raccourci foireux qui nous oblige à faire demi-tour dix minutes plus tard. Il est vrai que l'orientation était à ce moment délicate, il fallait suivre la route...
Dernières quarante minutes de montée, dernières minutes de douleur pour Arnaud et nous voici chez Elena. Là, c'est la consternation : malgré une décision plutôt frileuse en amont, nous retrouvons les amateurs tous frais au refuge. Il semblerait que le service d'autocar fonctionne entre Courmayeur et Arnuva.
Dortoir assez grand mais plutôt confortable, seul problème : les amateurs sont là aussi. Espérons que nous pourrons nous en débarasser en Suisse.
Menu du soir :
Mercredi 04/09/2002
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Réveil tôt, 6h20, de manière à pouvoir prendre le bus de 12h40 à Ferret pour pouvoir arriver le plus rapidement possible à Champex. La veille, tout le monde a été briefé pour être actif dès le réveil. Nous sommes tous prêts avant 7h00, même Arno qui avait fait son sac la veille, il nous faut donc attendre pour le petit-déjeuner.
Faucon, un des serveurs du refuge, est là pour nous servir. Dès qu'un panier de pain vide est posé sur un coin de table, il déboule, en pose un plein et repart avec le vide : l'efficacité réincarnée !
Le départ est donné à 7h45, soit 45 minutes plus tôt que les autres jours (tout de même !!). C'est dans une purée de petits pois digne du fog londonien que notre petit groupe commence l'ascension du grand col Ferret.
Le sol s'avère tantôt caillouteux, tantôt recouvert d'ardoise. Nous marchons sur des chemins larges de vingt centimètres et haut d'une trentaine des deux côtés. Au bout de quelques virages, nous doublons un premier couple : cela nous donne du courage.
La pluie commence bientôt à tomber. Nous mettons les bâches sur les sacs. L'ascension se poursuit sur de courts lacets. La capuche sur la tête, nous avançons en regardant les chaussures de celui de devant (que peut bien regarder Gildas, lui qui marche en tête ?). Les seuls sons qui nous parviennent sont le bruit d'un torrent, le crissement des sangles des sacs, la pluie qui tombe et ... les flatulences d'Arno !
L'arrivée au grand col Ferret intervient avec trois quarts d'heure d'avance. Nous y retrouvons l'autre couple (à la cape jaune et au k-way rouge). Nous laissons derrière nous l'Italie pluvieuse et sa polenta pour trouver la Suisse humide et sa fondue.
La descente (plutôt vers le bas) s'avère toujours aussi éprouvante pour les genoux d'Arno qui, bien que la pluie ait cessé, garde toujours son poncho porte-bonheur. Le ciel s'étant légèrement dégagé, nous pouvons désormais profiter des reliefs bordant la vallée.
Après avoir passé une ferme/gîte où quelques biquettes sont concentrées pendant la traite, nous croisons deux vttistes (des demoiselles), bien courageuses vu qu'elles sont plutôt dans le sens de la montée. Un lacet, deux lacets, etc ... jusqu'à Ferret où nous sommes en avance de dix minutes pour le car de ... 10h54 !
Voici le chauffeur qui arrive, c'est l'instant de vérité. Nous sommes vite rassurés car il accepte les paiements en euros et il ne nous en coûtera que 8 euros par personne pour rejoindre Champex.
La correspondance (obligatoire) à Orsière nous réserve une légère frayeur : le chauffeur du second car met entre 2 et 3 minutes à examiner notre billet qui ne comporte pourtant pour seules inscriptions que Ferret-Champex et 5 adultes. Finalement, tout est en ordre, nous embarquons. Le car remmène les petits Suisses de l'école vers leur chez eux : ambiance scolaire garantie ! Après une fausse alerte à Champex-lac, nous atteignons enfin Champex-centre.
Briefing devant le supermarché du coin. Comme les paiements en euros sont acceptés, nous voilà partis pour un léger ravitaillement : pommes, pain de mie, pansements et chocolat suisse (pour la route). Gildas a repéré, non loin, une boulangerie-patisserie-bar où nous nous arrêtons prendre un sandwich jambon-fromage local accompagné d'une patisserie et d'un café. Nous reprenons quelques forces (il est vrai que le trajet en car nous avait épuisé).
Note : il existe en Suisse un type de magasin bien local, le Tabac-Chocolat !!
Après déjeuner, nous accompagnons Céline dans sa recherche d'un T-Shirt manches longues à son goût. L'échec étant au rendez-vous, il ne nous reste plus qu'à repartir.
Nous nous mettons en quête de la variante chemin du ruisseau pour gagner le Val d'Arpette. Ce n'est pas sans difficulté que nous finissons par la trouver. Quelques photos en cours de route et, 40 mn plus tard (à 15h15), nous voilà arrivés au relais d'Arpette, au terme de ce qui sera notre étape la plus facile.
Gildas ne tarde pas à aller mettre à l'épreuve les commodités locales. Il n'en reviendra pas déçu : le relais est équipé d'un chiotte bionique doté de quatre diodes indiquant l'opération en cours. Une fois la commission conclue, une espèce de robot sort au dessus de la cuvette et vient nettoyer la lunette qui s'est mise à tourner (certains, induits en erreur par la vitesse de rotation de celle-ci, iront jusqu'à penser que lunette était déformée par le robot durant l'opération de nettoyage).
Après une bonne douche, nous nous retrouvons attablés dans la pièce servant d'entrée aux dortoirs (de six lits) pour une partie de tarot. La partie suit son cours quand, tout à coup, surgis de nul part, les amateurs investissent la cour. Qui va se les payer, c'est la question qui brûle toutes les lèvres. Aïe, aïe, aïe, les voilà qui viennent vers nous !!! Ils se détournent au dernier moment et David ne peut retenir un hurlement de joie. Joie qui, malheureusement, sera de courte durée. Les ploucs s'étaient trompés de dortoir et viennent s'échouer juste à côté du notre. Leur présence, couplée à celle des Pros, arrivés, eux, pendant nos douches, laisse Arno, Gildas et David optimistes quant au niveau des discussions lors du dîner.
Durant le repas, fort bon (la fondue ne sera cependant pas achevée, la faute aux abandons prématurés de Céline et Bison et à leur manque d'encouragements pour ceux qui s'accrochaient), la brume se met à tomber et recouvre en quelques instants la fenêtre d'Arpette que nous voyions si bien en arrivant.
Menu :
Jeudi 05/09/2002
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La promiscuité avec les amateurs (malgré la cloison qui nous sépare) nous impose de partager leur horaire de réveil : 6h15. Le temps est à la fête : le soleil brille et nous voyons de nouveau, au loin, la fenêtre d'Arpette.
Nous partons vers 8h15. La première partie s'effectue au travers d'un petit bois qui nous protège partiellement des velléités d'un soleil s'enhardissant au fil des minutes. Le bois passé, nous remarquons la présence de quelques inoffensifs nuages venant, à tour de rôle, masquer le soleil écrasant. Ce manège salvateur permet à notre ascension de se poursuivre à la fraîche.
Au fur et à mesure que nous progressons, la montée devient de plus en plus difficile : les cailloux sont de plus en plus gros (s'agit-il encore de cailloux ?) et la pente de plus en plus raide. Tout le monde grimpe, les plus petits (Céline et Gildas) étant condamnés à fournir des efforts supplémentaires pour gravir les rochers aux plus gros gabarits.
Arrivés en haut, nous pouvons profiter d'une vue splendide sur la vallée que nous venons d'arpenter. Sur l'autre versant, le glacier de Trient allonge sa langue blanche et bleutée. Après une ou deux photos, nous entamons la descente, d'autant que le vent s'est levé et que le soleil s'est caché. Un peu hardue au départ, la descente devient finalement relativement aisée.
Nous décidons de nous arrêter à peu près à mi-parcours pour déjeuner : rillettes, pâté de foie et... et... et, pour le plus grand bonheur d'Arno, pain noir (depuis le temps qu'il le portait !). Pour fêter cela, François se met debout sur la table et pisse !
Remarque : succès trés mitigé pour le pain noir, Gildas et Céline ne trouvent pas ça bon.
Nous repartons, ragaillardis. La suite de la descente s'avère caillouteuse. Notre vitesse est limitée par la topologie du terrain. Par endroits, des escaliers ont même été aménagés.
Note : François, dit Bison, est toujours à 50% de ses capacités, il gère... Sa gestion repose sur la consommation de pâtes de fruits et une foulée maîtrisée : surtout ne pas transpirer.
Bref, nous arrivons enfin en terrain moins escarpé et profitons d'une splendide vue sur le glacier de Trient : une cascade passe sous un pont de glace aux reflets bleutés. Comme dirait Céline : MAGNIFIQUE !
Tout en bas de la descente, nous longeons un alpage rempli de moutons à l'oeil sournois, prêts à se jeter sur la première pomme venue. Nous rentrons dans le champ et slalomons entre les crottes... Plus bas encore, nous croisons les Pros qui sont en train de se préparer à repartir.
Nous entamons la dernière heure de marche, direction Trient. La route est facile et descend directement vers notre objectif de la journée.
Au détour d'un sentier, nous apercevons Trient, petit village aux maisons éparses. Peu avant d'arriver, nous croisons des jeunes en train de couper les branches qui dépassent sur le chemin.
Après une brève mais efficace recherche, nous trouvons le relais du Mont-Blanc, gîte et alimentation. Nous héritons du dortoir 24, correct dortoir pour six personnes.
Après les douches, on enchaîne sur une partie de tarot, partie qui marquera les esprits, et tout particulièrement celui de Gildas. Il fut, en effet, de par sa qualité de roi appelé, le spectateur privilégié des exploits de Bison : comment se faire prendre le Petit, balancé sur un troisième tour de treffle (couleur déjà coupée par la défense au tour précédent), alors qu'on a largement assez d'atouts pour le mener au bout !! Détail qui, nous l'espérons, ne rentrera pas dans l'histoire, cette partie de triste mémoire fut, au bout du compte, emportée par le preneur de zéro. Autre partie, autre coup d'éclat : il lance le premier tour à pique dans une partie où le preneur, en l'occurence Gildas, a récuperé le roi de pique au chien (comme tout le monde s'en doutait, François n'était pas le roi appelé).
Bientôt le repas, nous pénétrons dans la salle à manger. Oh miracle : les amateurs sont à nos côtés !!! François, sur les conseils de Céline, décale un set de table, histoire qu'ils ne soient pas tout contre nous (beurk !!), comme prévu initialement. Et ça marche !! Reste à espérer que nous les éviterons au petit déjeuner.
Menu :
PS : un des Pros s'est accidentellement délesté de son appareil photo dans la montée vers la fenêtre d'Arpette.
Vendredi 06/09/2002
Le profil technique de cette étape est disponible ici.
Réveil plus ou moins hasardeux, selon que l'on a entendu la sonnerie de la montre de David ou que l'on prétend que ladite montre est foireuse. Bref, nous descendons dans le réfectoire où, hier, le dîner s'effectuait dans un vacarme atroce. Comme nous sommes un peu gourous, nous arrivons au moment où sortent les amateurs.
Le démarrage s'effectue vers 8h10, direction le col de Balme et la France. Comme de bien entendu, le temps est à l'amitié et les cornichons en suspension dans l'air. Après une première partie de montée dans la forêt, nous finissons par arriver là où seule subsiste une végétation éparse.
Au col, une température plus que fraîche nous incite à sortir gants et bonnets. Du gîte du col, sortent ... sortent ... les amateurs ! En chair et en os, et en bières.
Après quelques photos, dans la brume et le froid, nous entamons la descente vers Le Tour en doublant les Pros qui nous balancent Laisser passer les mobylettes.
Peu après, ô rage, ô désespoir, les amateurs (enfin, deux des trois mâles composant la troupe), profitant d'une pause de notre part (retrait obligatoire des bonnets et gants, le soleil commençant à percer timidement entre les nuages), nous doublent.
Pendant ce temps, Gildas est en train de téléphoner à son Pote Nico qui lui dit que le tour du Mont-Blanc c'est bien sympa, mais qu'il faudrait quand même qu'il se remette au VTT, pourquoi pas dès dimanche (40km pour débuter).
Arrivés au télécabines, les amateurs ont fini de marcher : ils ne vont quand même pas faire la descente à pieds !!
Durant la descente, nous croisons Croco à la recherche de son groupe. Cette fois, il nous reconnaît et nous adresse un Vous avez pas vu mon groupe ?.
Le Tour, c'est moche. Enfin, c'est une petite bourgade avec plein de voitures et de béton. Nous nous mettons à la recherche du sentier qui nous permettra d'atteindre Tré-le-Champs pour faire miam-miam.
Nous y arrivons après 1h de montée-descente et faisons halte près de l'auberge La Boerne.
Le repas, à base de salade niçoise suisse et de pâté tartiné sur un pain de mie mutant vers la biscotte, ne laissera à personne un souvenir impérissable. En allant prendre le café à l'auberge, nous croisons le couple de parigots, dans leur NAS 75, qui prend sans aucun doute le chemin du retour. Un petit coucou et nous allons prendre notre chti kawa.
Au redémarrage, nous hésitons sur le chemin à prendre pour gagner le Lac Blanc. Une première (et dernière, par la même occasion) consultation de la carte nous apprend que nous sommes en bas de Tré-le-Champ alors que le GR part de Tré-le-Champ haut. Nous remontons de quelques centaines de mètres par la route afin de rectifier ce léger égarement et nous voilà repartis : plus de 900m de dénivelé positif nous attendent encore dans la journée.
Le début de la grimpette s'effectue sur de petits chemins caillouteux en vue de l'aiguillette d'Argentière, réputée pour l'escalade. Avant d'arriver à l'aiguillette, Gildas fait connaissance avec une marmotte qu'il ne tarde pas à prendre par derrière.
C'est à présent Fort Boyard : échelles et mains courantes nous permettent d'escalader les parois. C'est un bon moyen de prendre de l'altitude à pas cher. Céline, elle, a revêtu son pantalon marron. Il nous reste environ un peu plus d'une heure avant l'arrivée au Lac Blanc.
Après 50min de pérégrinations, nous atteignons un premier lac que nous distinguons à peine dans la brume. Subitement, les nuages se dispersent et nous dévoilent le petit lac des Chéserys ainsi que le refuge du Lac Blanc, quelques 100m plus haut.
Il commence à faire froid, surtout pour les flemmards, David et Arno, qui sont restés en T-Shirt. L'ascension finale débute sous les encouragements des nénettes qui tiennent le refuge. Échelles, escaliers raides, rien ne nous est épargné. Nous arrivons finalement à bon port vers 16h45.
La visite des lieux nous permet de découvrir une salle à manger et des dortoirs nickels (quoiqu'un peu frais pour ces derniers, l'issue de secours demeurant ouverte sur l'extérieur). Les toilettes, comme les douches, se trouvant deux étages plus bas que le dortoir, Céline n'aura qu'à aller pisser avant de se coucher.
Dans l'attente des douches, n'ouvrant qu'à 18h, nous nous réchauffons autour d'une boisson chaude (car, avec du recul, la salle à manger n'est pas trop chauffée non plus) avec vue sur un bouquetin empaillé, sur un rocher non loin, qui, chose rare chez ces animaux, relève la tête et bouge les pattes.
Quelques tours de Uno plus tard, les douches sont enfin ouvertes. Munis de jetons, David et Céline y passent. À leur sortie, Gildas s'apprête à faire le grand saut vers l'hygiène corporelle. Il se lance : nu dans sa cabine, il insère le jeton et l'eau chaude jaillit.
Arno, confiant, se jette corps et âme dans l'aventure : Gling fait le jeton, ... fait le pommeau de douche, Merde fait Arno !! Consterné, il commence à cogner la boîte à jetons mais rien n'y fait : il reste, comme un gland, les couilles à l'air dans une pièce où l'air atteint péniblement les 10 degrés C ...
Céline pénètre la cabine maudite pour aller réparer le câble, enfin la boîte à jetons. Devant l'absence de résultats de cette nouvelle manoeuvre, David se dévoue pour aller quémander un nouveau jeton pour sauver le soldat Nono. À l'accueil, les filles du refuge sont hilares à l'exposé de la situation. Elles consentent toutefois à fournir un nouveau jeton. Grâce à ce dernier, et aux explications fournies par Céline, Arno peut finalement se doucher, ce qui est un bien pour tout le dortoir !!
Après que chacun a pris sa douche, nous nous retrouvons à la salle à manger pour prendre notre dîner.
Menu :
Nous notons que les trois couillons qui nous ont ri au nez quant nous leur avons dit que le fromage se mangeait avec la soupe se sont fait moucher par une des filles du refuge qui leur a dit que d'habitude, on le mange avec la soupe.
S'ensuit une mémorable partie de tarot dont François sortira vainqueur, même si cela nous coûte à tous de le dire !
Nous voilà de retour au dortoir, toujours aussi frais, et pourtant il faut bien se coucher. Gildas annonce la couleur : Moi, je ne prend aucun risque et il s'emmitouffle dans son sac à viande, sous sa couette, vêtu de son pantalon et de sa grosse polaire. Croyant reconnaître là quelques signes de sagesse, le reste du groupe l'imite rapidement. Seul François, probablement rechauffé par son tout récent succès aux cartes, se couche dans le plus simple appareil : T-Shirt et caleçon.
Bien vite, David déchante d'avoir accordé valeur de prophétie aux propos de Gildas : la chaleur est telle qu'il ne peut supporter sa polaire plus d'un quart d'heure.
Arno gardera, pour sa part, son sweat, et Céline sa polaire, jusqu'au réveil. Gildas, quant-à lui, finira la nuit nu sur la terrasse.
Samedi 07/09/2002
Le profil technique de cette étape est disponible ici.
À notre réveil, tous les cornichons en suspension dans l'air ont disparus et une vue splendide sur le massif du Mont-Blanc s'offre à nous. Gildas et François sont déjà dehors alors qu'Arno ne fait qu'émerger avec l'aide de David.
Cinq minutes plus tard, tout le monde est dehors pour admirer le spectacle. Gildas en profite pour se faire énumérer les sommets par un vieux gourou rencontré là par hasard. Par contre, pas de bouquetin, et heureusement car bouquetin du matin, chagrin.
Au loin, nous apercevons le col de Balme et nous mesurons le chemin parcouru hier. La Suisse, toujours propre sur elle, déverse son trop plein de nuages en France par le col.
Après un petit-déjeuner bien consistant, notament grâce au pudding qu'Arno refusera catégoriquement de goûter, la fine équipe s'embarque pour son dernier jour de marche.
La première étape en est la station de téléphérique de La Flégère. Alors que nous descendons, le Mont-Blanc profite d'un moment d'inattention de notre part pour se recouvrir d'un léger voile de nuages.
Après la Flégère, nous mettons le cap sur Planpraz. Sur le chemin en balcon, nous profitons de la vue sur Chamonix. Arrivés au carrefour, quelle n'est pas notre surprise lorsque nous rencontrons notre ami canadien ! Pépère, il se fait une balade sans sac à dos, avec sa canne. Nous lui faisons nos adieux, heureux de l'avoir rencontré.
À partir de Planpraz, la montée débute. Gildas essaye de suivre des anglais qui, bien évidemment, se plantent de chemin. Après les avoir dépassés, nous continuons notre effort jusqu'au col de Brévent. Nous y effectuons notre dernière ripaille en montagne et y finissons le pâté de campagne, étalé sur le pain de mie aggloméré suisse.
La bouffe terminée, nous partons à la conquête de Brévent ; notre dernière montée probablement. Malheureusement, comme il est à présent coutume, le ciel est bouché et nous devons nous contenter du versant le moins grandiose de la vallée.
Ça y est, c'est parti pour la grande descente jusqu'aux Houches. Gildas et Arno ont les genoux en marmelade et les marches naturelles que leur propose la montagne ne sont pas trop de leur goût. David et Céline crapahutent devant, Gildas fait l'effort tandis que François accompagne Arno pour le dernier voyage de ses rotules.
Soudain, au détour d'un lacet, David, en troisième position, demande aux autres : vous avez vu le serpent ?. À ces mots, Céline descend 100m en 15 secondes et Gildas rebrousse chemin pour tenter une nouvelle rencontre du troisième type. Il prend son temps pour photographier la jeune vipère sous son meilleur profil. Toutefois, François et son écloppé arrivent enfin et effrayent probablement le reptile qui se cache sans demander son reste, laissant Gildas seul derrière son appareil photo.
La descente se poursuit et nous offre une vue perverse de la vallée : si notre effort est constant, la ville ne semble pas s'approcher trop vite...
Nous atteignons enfin la forêt qui présente trois avantages principaux. D'abord, elle nous cache le malheur en nous évitant de voir la vallée. Ensuite, elle nous ménage un sol plus doux que celui de la montagne. Enfin, elle nous protège des averses sporadiques qui ont maintenant fait leur apparition.
Après une pause glou-glou et miam-miam, nous repartons. Les Houches : 1h25 ! Argh... Quarante cinq minutes plus tard, nous atteignons enfin la chapelle du Christ-Roi, immense statut au dos papal. Du dessous, nous pouvons en contempler l'avant fort colossal.
Enfin, les Houches ! La gare est sur le chemin. Nous y arrivons juste avant la fermeture. Juste le temps pour David de prendre les billets et de pisser une bolée et nous voilà enfermés dehors pour attendre le train. Heureusement que David ne s'est pas attardés aux commodités !!
Étirements sur le quai, pieds nus, chaussures exhalant un relent tenace de pieds trop longtemps enfermés. Il nous prend soudain l'envie de prendre une photo. David règle le cadrage, déclenche le retardateur et ... le train arrive ! Flash, branle-bas de combat ! Ouf, nous sommes assis dans le wagon. Nous sentons la sueur, c'est atroce. Direction St-Gervais, notre tour est terminé.
Nous sortons de la gare sous la pluie et arrivons à l'hotel des 2 gares où une brave mamie nous accueille... Un peu à la masse, elle essaie de nous renseigner mais semble tout d'ignorer de l'hotel dont elle occupe l'accueil. Finalement, elle nous confie deux clés et nous dit de nous arranger avec ça...
Nous gagnons donc nos chambres. Tiens, une télé ! Que se passe-t-il sur terre ? Nous allumons : Chypre 1, France 0 !!! Plutôt que de s'attarder devant ce triste spectacle, nous partons nous doucher. Peu après, nous voilà tous propres, cela va mieux. Pour la France aussi : 2-1.
Le repas étant à 19h30, nous descendons 10min en avance histoire de nous offrir un petit apéro bien mérité. Nous commettons l'erreur de demander quelques cacahuètes. La serveuse, surprise au premier abord, nous en ramène deux ramequins pleins. Il nous faut nous retenir pour ne pas dégurgiter dans l'instant notre première bouchée : le goût en est tellement abjecte qu'il doit au moins s'agir d'un cru 1997. Les plus courageux s'efforcent d'absorber quelques cahuètes pour faire bonne figure, ils le regretteront jusque tard dans la nuit...
Le repas est, quant-à lui, fort bon et copieux :
L'ambiance dans le restaurant est quelque peu monacale. Les autres clients doivent être en cure et sont assis un, voire deux par table (mais dans ce cas, côte-à-côte). Pour compléter le tableau, les deux rangées de tables se font bien sûr face !
Seuls nous cinq parlons et rigolons pour tout et n'importe quoi.
Après le dîner, nous regagnons nos chambres où une chaleur atroce attend les étourdis qui ont oublié de couper leur chauffage et d'ouvrir leur fenêtre ! Ces derniers se trouvent malheureusement être ceux-là même qui ont prolongé à l'extrême le supplice des cacahuètes. Pour eux, la nuit sera courte ...
Le lendemain, une fois pris le petit-déjeuner (à 7h15), nous allons récupérer les sandwichs commandés par Gildas à la boulangerie.
Après une dernière photo, nous nous dirigeons vers le train et, là, nous tombons nez-à-nez avec les amateurs qui descendent d'un train en provenance de la vallée de Chamonix. Ce coup-ci, nous en sommes sûrs, la boucle est bouclée, nous pouvons rentrer !
Le tarot du train n'est pas très favorable à David dont le jeu s'apparente, des heures durant, au catalogue des mains du looser. Du coup, il s'achète le Monde Diplomatique pour les deux dernières heures.